Témoignage du soldat Lucien
-1939
la guerre est déclarée. Mon frère est mobilisé, mais lui est du 3ème
contingent et n’est pas convoqué avant l’armistice de juin 1940
-8
JUIN 1940 je travaille à la société générale de VERNON quand eu lieu un bombardement
allemand mais pas de blessé dans le personnel ; durant cette journée j’ai échappé 3fois à la mort lors des bombardements. Le lendemain c’est
l’exode ; durant cet exode l’armée française fait sauter un pont avec des réfugiés dessus « un vrai carnage ». En réalité à la suite
des bombardements j’eus une commotion cérébrale et l’œil abimé intérieurement.
-Septembre
1940 nous vivons sous l’occupation, humiliations et restrictions.
-Octobre
1942 ma blessure à l’œil se réveille. Je vais donc à paris voir le docteur Favori. Le certificat
médical m’empêcha certes d’aller en Allemagne mais apte à aller construire le mur de l’atlantique à
Cherbourg.
-MARS
1943 STO (service de travail obligatoire), j’arrive à Cherbourg et me fais un ami appelé Eugène, le fumeur de tabac à la menuiserie. Mais
je n’ai jamais admis d’avoir été vendu aux allemands par les français du Maréchal Pétain et décidai de tout faire pour saboter les allemands dans mon travail.
Je ne parlais pas un mot d’allemand.
Mon père était menuiser donc je connaissais tous les outillages mais ne les avais jamais utilisé et n’avais jamais fait d’installations (fenêtre, portes..).
L’atelier était dirigé par un adjudant allemand du nom de ADOLPHE, on le détestait tous.
Eugène m’avait expliqué le métier, et m’aidait assez souvent pour les installations difficiles.
A cette époque je vivait à la caserne, puis j’ai déménagé en douce dans une chambre.
-Premier incident sérieux avec
ADOLPHE:
Pour
une imprécision de menuiserie ADOLPHE me donna un violent coup de pied aux fesses et je me suis relevé
en envoyant un rondin de bois sur ADOLPHE. Il sorti son arme, le pointa vers moi, et il s’en était
fallut de peu pour qu’il tire. Je réussis à prendre mon travail le dimanche à 9h au lieu de 6h car je m’étais fait passer pour un ecclésiastique.
-JUIN
1943 « les évènements en Russie n’allaient pas bien pour les allemands «, ils commençaient à envoyer certains menuisiers en Allemagne
donc je décidai de m’évader. Je m’échappai par le train
en partie grâce à la « protection divine » dont je me suis toujours senti bénéficier
Je
débarquai à Evreux où je retrouvai ma mère mais j’étais en situation de clandestin recherché. Après 2 jours je décidai de retourner à
Cherbourg pour trouver du travail.
-30
JUIN 1943 le moral se détériorait, plus d’argent, ni nourriture.
-12
JUILLET je vais à l’église de la Trinité pour me confesser et trouver consolation à mes
angoisses.
-13
JUILLET je retournai à la menuiserie où Eugène me dit de me sauver car les déportations continuaient.
J’avais envie de me rendre mais après une bonne cuite « écrite » je n’avais plus envie de me rendre le 14 JUILLET.
On
me conseilla de m’engager dans la marine Allemande, je subis un interrogatoire par un civil appelé capitaine Petit, un allemand. Mes intentions restaient les mêmes, travailler le moins
possible et casser le maximum de matériel.
-NOEL
1943 et Pâques je retournai voir ma mère.
-J’admirai
les aviateurs britanniques qui bombardaient la flotte allemande, j’ai encore faillit mourir durant ces bombardements.
-6
JUIN 1944 anglais et allemands se séparent le village. 2 jours après les anglais ont attaqué ; toutes les maisons avaient été endommagées.
-25 AOUT 1944 « la 2ème
armée britannique a traversé la seine à Vernon, la 1ère
ligne de résistance allemande était à la sortie de la forêt, soit à 2 km et la 2ème
ligne commençait derrière mon jardin. Le village était défendu par deux compagnies de la Wehrmacht et une compagnie de la SS. Deux jours avant l’attaque anglaise, les allemands avaient fait des
trous dans les plaines pour installer des mitrailleuses et un mortier devant la cuisine de mon voisin d’en face, des mitrailleuses derrière mon jardin, et c’était là qu’une bataille rude
commençait. Nous sommes restés dans les tranchés et un obus qui n’avait pas explosé a atterri dans mon jardin. Je me suis retrouvé avec le Charon et
sa famille entre les feux d’un char anglais et d’une mitrailleuse allemande. En retournant dans ma cour une balle siffla à mes oreilles mais je
courais tellement vite que le tireur manqua sa cible. Pour prendre le commandement les SS ont assassiné les 2 commandants de la Wehrmacht qui ne voulaient pas combattre. Nos FFI sont apparues
le lendemain pour nettoyer la forêt. Les allemands
avaient fait 60 prisonniers. Nous avons été libérés le 3ème
jour. Pas une maison du village n’avait été épargnée. Ma mère et les deux réfugiées Rouennaises restaient avec moi compte tenu de ma situation
(« permission »). »
« Apres un mois à VERNON, à
TORTEVINGUE AG
à 30km de Cherbourg près de la mer dans les baraquements, et c’est là que j’ai su ce qu’était en
réalité monsieur BACHELET, voici la fin de mon histoire :
Dans la nuit du 26 au 27 mai, j’avais reçu par radio un message personnel qui m’informait que le débarquement était imminent et que tous les ponts, les voies de chemin de fer et les gares allaient être bombardés, c’est pour cela que le 27
au matin je suis passé au bureau pour prendre ma permission et me renvoyer à PANIEUSE. C’est à la terrasse du théâtre de Cherbourg que
j’observais à l’insu du FFI et de la police les mouvements des troupes allemandes et les communiquais aux alliés. Les objectifs tombaient exactement
aux endroits signalés et la ville de Cherbourg n’a été détruite que partiellement. De retour au combat dans le jardin : j’entends du bruit dans le jardin et sors voir, je tombe sur des
soldats allemands). Ces soldats avaient combattu toute la journée. Ils avaient faim et avaient arraché des pommes de terre dans la plaine et venaient pour les faire cuire. Les soldats avaient
donné l’ordre à ma mère de leur chercher un chaudron et d’allumer la cuisinière pour faire cuire les pommes de terres, ils sont partis avec le
Chadron en me donnant quelques pièces de monnaie
françaises, je leur ai demandé sans y croire de déposer ce chaudron devant ma porte de rue et j’ai retrouvé le lendemain le chaudron intacte, ils avaient tenu parole, il y avait quand même de
braves types parmi les soldats allemands même s‘ils avaient faillit me tuer la veille avec leur mitrailleuse mais je les avait surpris donc c’était excusable. »